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Photo du rédacteurMaurice Johnson-Kanyonga

Le décrochage scolaire en question


la solution au décrochage scolaire passe par le retour à l'attention, l'investissement actif, au sens et  à l'amour dans l'apprentissage
décrochage scolaire

L'école est en crise...


Le décrochage scolaire, phénomène complexe et multifactoriel qui ne survient pas du jour au lendemain, est aujourd’hui considéré comme un des enjeux les plus importants du système éducatif pour lequel, encore de nos jours, les politiques publiques misent en œuvre ne parviennent pas à le résorber complètement.


Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui estiment que l’école est en crise …encore ...et toujours.


Cette affirmation semble d’ailleurs accompagner en permanence l’évolution de ce même système éducatif, et il ne fait aucun doute que, dans la société d’aujourd’hui, son image est fortement dégradée, si l’on en juge par la récurrence et la véhémence des critiques souvent acerbes ou désabusées à son sujet.


Un phénomène complexe


Le décrochage scolaire est néanmoins une notion très large. Il peut s'agir, par exemple, de désinvestissement dans le travail scolaire, d'un taux d'absence important ou encore d'un abandon total. Si les causes du décrochage scolaire sont diverses, certaines tendances ressortent significativement : ainsi les filles évoquent plus souvent la difficulté du travail scolaire et des problèmes personnels de santé, alors que les garçons avancent plus volontiers la quête de l'argent, une mésentente avec les enseignants ou l'exclusion dans le parcours.


Selon plusieurs études réalisées par l’OCDE, appelées études PISA, la Communauté française de Belgique serait l’un des pays dont le taux d’abandon et le taux d’échec scolaire seraient parmi les plus enlevés d’Europe et dont le niveau de scolarité serait très moyen.

A la lecture de ces résultats, les questions foisonnent : Comment accompagner un étudiant dans la gestion de sa scolarité dans toutes ses dimensions ? Comment avoir un regard positif et constructif ? Comment aller au-delà des constats et commentaires peu mobilisateurs, du style : « il n’étudie pas ! »...


Autant d’inquiétudes qui taraudent parents et professionnels de l’enseignement.


Quelle légitimité pour l'école aujourd'hui ?


L’école est prise pour cible, accusée pêle-mêle d’accentuer des inégalités et des antagonismes, de favoriser des violences et des comportements asociaux (ne dit-on pas que tout commence par un mauvais parcours scolaire), elle est, semble-t-il, en situation de tension organique et identitaire non seulement avec ses propres acteurs, mais aussi une frange d’opinion, sans doute influencée par la politisation du débat sur la question et la médiatisation des conflits liés à l’emploi, enseignement et la formation.


Fondamentalement, ce qui est remis en cause, c’est la légitimité sociale de l’institution.


A commencer par les enseignants, décrits au bord de la crise de nerfs, dépressifs, déprimés et démotivés avec comme principales causes de décrochage de leur part : …les élèves …mais aussi et surtout le stress, les relations professionnelles délétères et le harcèlement, le manque de valorisation du métier ; les relations avec les parents, avec le Ministère de l’éducation ou l’institution scolaire ; et enfin leur l’état de santé en général, mentale en particulier.

Les élèves ensuite qui, prétend-on, n’aiment plus l’école et s’y rendent en trainant les pieds considérant qu’elle ne leur apporte plus l’émancipation souhaitée en termes de démocratie, de solidarité, de pluralisme et d’ouverture aux autres cultures, en y regardant de près, cet objectif ne semble plus être prioritaire. Plus encore, celle qui se donnait comme mission de gommer les inégalités sociales tend plutôt à renforcer les clivages tant elle remplit de moins en moins son rôle d’ascenseur social. A titre d’exemple, la dualité entre écoles élitistes et écoles ghetto est une réalité certes non vérifiée dans les chiffres -il n’existe aucune de volonté d’établir de quelconques statistiques bien que la réalité de terrain soit implacable. En soi, la réelle injustice réside moins dans le fait de sélectionner une élite -après tout c’est l’une des finalités de l’école- que dans celui d’assurer une plus grande réussite scolaire à certains élèves, non pas en raison de leur niveau, mais de leur origine sociale.


La société enfin, qui lui reproche de ne pas lui ressembler : l’école serait en perte de valeurs « c’était mieux avant » devient un refrain de plus en plus entendu et ne préparerait pas suffisamment aux exigences du monde du travail selon les entreprises.


A défaut de réponses, on cherche des coupables : le manque de travail des élèves, l’incompréhension des parents, l’isolement de la fonction de professeur ou l’inefficacité des réformes et des politiques publiques.


Faut-il alors croire que l'activité enseignante a raté sa vocation et perdu son sens ?


A titre personnel, j’estime que ce serait méconnaitre son rôle fondamental dans le processus de démocratisation et d’évolution de nos sociétés. Le sens de la formation ne se résume pas aux contingences scolaires. Il s’inscrit au-delà, comme un héritage culturel dont la nature sociale ne doit pas être aliénée par les effets conjugués des dénigrements systématiques et des situations conjoncturelles, voire conflictuelles.


La prise de conscience face à la nécessité de pouvoir apporter à chaque enfant les outils adéquats au développement du parcours scolaire, induit le recours à une méthode différenciée et à une pédagogie adaptée qui trouvent racine dans la prise en compte du suivi scolaire et éducatif individualisé.


Le manque de méthode ou des notions fondamentales mal maitrisées peuvent très vite faire glisser un enfant vers un statut d’élève en retard. Celui-ci se sent alors mis de côté par le professeur qui ne cesse de vanter celui qui réussit et lève les yeux au ciel ou soupire quand on pose une question parce qu'on n’a pas compris. La démotivation qui conduit au décrochage s’installe progressivement lorsque l’individu perd le lien entre ce qu’il fait et le résultat de son action.


Chaque individu a sa propre façon d’apprendre. Pour mettre les enfants dans les meilleures conditions il importe de mettre le cap sur les méthodes d’apprentissages, de faire le plein d’énergie, de travailler de manière organisée, d’être actif et positif afin de construire des pistes pour retrouver la motivation dans les études, le sens donné à la vie scolaire, l’acquisition du goût de l’effort, la responsabilisation et le contrôle de soi, le plaisir d’apprendre et l’amour de l’école.


Pour retrouver le désir et l’amour de l’apprentissage, je prône dans mon approche multidisciplinaire une vision humaniste de l’école, comme la voyait Léonardo Da Vinci, illustre personnage, à la fois savant, artiste, ingénieur, diplomate, écrivain et philosophe, sans posséder aucune formation universitaire ou académique mais qui opposait à la notion du travail forcé (ndr : obligatoire) le plaisir de la découverte, l’apprentissage par l’émerveillement et la passion dans ce que l’on entreprend, qui forment le terreau qui mène à l’excellence.


Pour marcher vers le chemin de l’excellence, il faut inviter les apprenants à aimer ce qu’ils font. En incitant à la curiosité, en favorisant les intelligences tant logique que linguistique, émotionnelle et interpersonnelle. La première étape vers le succès consiste à capter l’attention : dans un monde ou notre attention est constamment sollicitée parce qu’elle est devenue une matière marchande que les publicitaires de tous bords s’ingénient à s’accaparer au moyen de procédés (neuro-)psychologiques, il est essentiel de recourir à des moyens qui impliquent chaque élève dans ses apprentissages, notamment par la participation collective et l’esprit de corps. Cette participation mène alors vers l’engagement actif, à mes yeux le meilleur moyen pour lutter contre le décrochage passif, en rendant l’apprenant acteur de ses apprentissages parce qu’il peut apprendre des autres et qu’il peut transmettre aux autres dans le même temps.


A mes yeux, donner du sens à l’apprentissage, le connecter aux intelligences, aux valeurs et aux aspirations profondes d’un(e) élève en désamour avec l’école sont les clés essentielles pour sortir du décrochage scolaire.



Voir aussi : ma conférence - les 7 défis de l'éducation à l'horizon 2030





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